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· Main-d'oeuvre

Bon sang, arrêtons de faire l'autruche!

Pourquoi, en tant qu’élus, administrateurs, entrepreneurs, dirigeants, gestionnaires, et employés, attendons-nous toujours d’être au pied du mur pour réagir à des situations qui sont pourtant prévisibles, sachant très bien que l’on met à risque nos emplois, ceux qui gravitent autour de nous, nos organisations et même notre économie?

Il y a plus de vingt ans, on tentait de prévenir la pénurie de main-d’œuvre en identifiant les postes vulnérables et en réalisant des modèles de prévisions pour anticiper les départs à la retraite et le fait que démographiquement, malgré les politiques d’immigration, il y aurait un déséquilibre - pour la première fois de notre histoire - entre le nombre de personnes en âge de travailler et le nombre de personnes ayant terminé leur vie active au travail.

Les spécialistes en planification de la main-d’œuvre ont vu venir la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui partout au Québec, dans plusieurs régions du Canada ainsi qu’aux États-Unis. Pourtant, à l’époque, ils n’étaient pas pris au sérieux, les exercices de planification de la main-d’œuvre figurant souvent dans les dernières priorités des dirigeants.

En février 2020, le Québec a atteint son plus bas taux de chômage (4,5%) depuis 1976, soit depuis que Statistique Canada compile ce type de données.

En Europe, les défis de main-d’œuvre sont différents mais tout aussi critiques. Les entreprises ont énormément de difficultés à trouver des employés et des gestionnaires qui répondent aux profils de compétences dont elles ont actuellement besoin. Le système d’éducation et les centres de formations professionnelles n’ont pas été adaptés assez vite pour voir pallier cet écart entre les compétences détenues par les travailleurs et les besoins du marché. Cela a eu pour effet de créer un taux de chômage élevé, lequel devrait perdurer encore un bon moment puisque le développement des compétences techniques et les «soft skills» demandent toujours du temps.

Un exemple frappant

Il y a trois ans, avec notre équipe, je me souviens d’avoir conçu un parcours d’accompagnement spécifique pour l’industrie du commerce de détail, le but étant d’optimiser les processus et l’expérience client, aussi bien en magasin qu’en ligne. Nous n’étions pas des visionnaires, en avance sur notre temps. Nous étions plutôt des experts en intelligence d’affaires et en stratégie qui souhaitaient prévenir les bouleversements qui sévissent actuellement.

J’ai mis en place une équipe multidisciplinaire, avec des experts en marketing, en magasinage et en commerce électronique. Nos travaux et les statistiques indiquaient, déjà à l’époque, que le virage numérique était une tendance qui allait devenir de plus en plus lourde. Pourtant, entrepreneurs et dirigeants ne cessaient de nous rétorquer : «Le commerce en ligne ne remplacera jamais un achat en magasin. Les fleurons québécois et canadiens du commerce de détail ne peuvent pas tomber; vous exagérez, vous autres les consultants!»

Depuis un an, la liste des grandes marques québécoises, canadiennes et internationales qui doivent fermer, ou demander la clémence de leurs créanciers, ne cesse de s’allonger. Résultat : ces entreprises-là doivent revoir dans l’urgence leur modèle d’affaires et leurs processus opérationnels, ce qui a des répercussions directes sur tous ceux qui gravitent autour d’elles (fournisseurs, institutions financières, investisseurs privés, différents paliers gouvernementaux, etc.).

Pour lire la suite : Les Affaires