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Marché du travail et handicap: la brigade de tous les possibles

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Alexandra Perron
Le Soleil
 
Qu’est-ce qui fait sourire Marie-Claude Bouré depuis quelques mois? Une cuisine parfaitement imparfaite. Difficile à croire venant d’une fille qui aime un tartare coupé au laser. Mais entourée de sa brigade de marmitons avec limitations (elle déteste le mot handicapé), elle a appris le lâcher-prise et savoure chaque petite réussite. Témoignage, à l’heure où la main-d’œuvre est appelée à changer.
 
Fin de matinée, 11 juillet, la cheffe cuisinière Marie-Claude Bouré et sa «gang» s’activent aux fourneaux. Ils préparent les trois services de la cafétéria du Groupe TAQ. Chaque jour, les 300 employés de l’entreprise adaptée de Québec, dont 200 vivent avec un handicap physique ou intellectuel, ont droit à un repas complet pour 4,95$, en partie subventionné.
 
Au menu ce midi-là? De la poutine. Une fois par mois, un jour de paye, «on s’accorde du fast-food». Mais dans les cabarets qui défileront un peu plus tard, on remarque que le bar à salades est tout aussi populaire.
 
Les tomates et les poivrons ne sont peut-être pas parfaitement coupés. Manon, du haut de ses six pieds, a peut-être mis la matinée à parer les haricots verts pour la soupe. Mais dans la bouche, il y a un goût de fierté.
 
Ils sont neuf à se frotter au quotidien d’une cuisine de production. Leur coach, Marie-Claude, a du millage derrière le tablier. Formation à l’École hôtelière de la Capitale, stage en France, emploi dans les cuisines de l'hôtel Bonne Entente, puis au delicatessen de sa famille, sur la Rive-Sud. Elle a aussi nourri des petites bouches pendant sept ans dans les CPE, quand elle-même est devenue maman.
 
Elle relevait un nouveau défi comme cheffe de banquet à Valcartier quand le hasard de la vie l’a menée au Groupe TAQ. Le 20 décembre dernier, elle devenait gestionnaire des services alimentaires destinés aux employés. «Ç’a été un coup de cœur!»
 
Dans le passé, on lui a déjà reproché de trop materner ses collègues, de ne pas être assez ferme. «Ici, cette caractéristique devient ma force!»
 
Drôle et divertissant
 
Le Soleil a eu droit à une visite dans la cuisine rutilante de l’usine, nouvellement installée sur la rue Rideau, près du Parc technologique du Québec métropolitain.
En passant les portes battantes, James, un des plongeurs, nous accueille en tendant la main, couverte de son gant de caoutchouc humide. Ce joyeux luron, qui aime s’habiller en kilt, sait mettre de l’ambiance. «Ici, c’est toujours drôle et divertissant», note Marie-Claude, épaulée dans sa tâche par la sous-chef Marie-Claire Brie, elle aussi recrutée à l’extérieur,
 
Avec son unique main, Julien, stagiaire de l’École hôtelière de la Capitale, ne chôme pas et dresse des salades composées. «Quand j’ai commencé mon cours, la cafétéria ici n’existait même pas. Pour moi, c’est comme un miracle», lance le jeune homme, visiblement ravi de son expérience.
 
À ses côtés, Luz, sourde et muette, s’active en parfait contrôle. Colombienne, elle est arrivée au Québec il y a quatre ans, et dans la cafétéria de TAQ en avril. «C’est une super aide, elle travaillait en restauration dans son pays», souligne Marie-Claude.
Luz apprend tranquillement le langage des signes, alors que sa cheffe suivra elle aussi une formation cet automne.
 
Contrer la pénurie en restauration
 
Ces deux-là, Julien et Luz, ont «un très beau potentiel» pour travailler à l’extérieur, lance Marie-Claude, même si elle ne souhaite pas les perdre.
C’est d’ailleurs un objectif à court et à moyen terme pour TAQ: former des travailleurs différents, pour ensuite leur faire intégrer le marché régulier de la restauration, qui connaît une grave pénurie de main-d’œuvre.
 
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